«Les gens qui veulent le plus que ça marche c’est nous!» Carl Laberge est à la tête de Port de Saguenay depuis 15 ans. S’il y en a un qui a hâte à une coupure de ruban sur la zone industrialo-portuaire (ZIP), c’est bien lui.
La rencontre était prévue avant que l’histoire de Vianode ne vienne à nos oreilles. S’il ne nommera jamais d’entreprise au cours de l’entrevue: «On ne fait pas de politique et on ne fait pas d’annonce pour les entreprises», Carl Laberge a discuté avec franchise des défis de Port de Saguenay et de son unicité.
«Le port ne fermera jamais. On a donc le luxe de penser à très long terme et il va toujours avoir des entreprises et des opportunités.»— Carl Laberge, PDG de Port de Saguenay
Il termine une réunion dans la salle de conférence du bâtiment administratif dont la grande fenêtre donne sur le terminal maritime et cet immense navire qui arrive du Brésil. Il se fait un thé et nous reçoit. Le verbomoteur ne prendra aucune gorgée pendant l’heure que nous passons ensemble. Il rebondit sur chaque question et parle avec passion du transport maritime.
Pour la petite histoire, les installations portuaires commerciales de Saguenay sont installées à La Baie depuis les années 80. Avant, elles étaient sur la zone portuaire, à Chicoutimi.
«C’est unique ce qu’on a ici. La profondeur de l’eau et l’avantage d’avoir de très grands terrains, 1200 hectares. Les ports n’ont pas cet espace. Pensez à Vancouver, Québec ou Halifax. Il n’y a plus de place. C’est notre avantage. Mais, ici, il n’y avait rien. Aucune infrastructure. Ça fait à peine 10 ans qu’on est relié au réseau ferroviaire», expose M. Laberge en introduction.
«Il faut des services»
Les infrastructures, c’est le nerf de la guerre. «L’annonce du 117 millions de dollars de M. Legault a changé notre rapport avec les entreprises quand nous avons des discussions.»
Ce montant auquel il fait référence c’est une promesse électorale d’investir sur la ZIP (les terrains offerts aux entreprises près du terminal maritime) pour l’aqueduc, l’électricité et les égouts.
«Les entreprises, leurs projets ne sont jamais pour dans 10 ans. C’est toujours d’ici deux ou trois ans. Elles arrivent ici et aiment nos terrains, mais on n’a aucune infrastructure. En plus, on ne savait pas qui allait payer pour ça. Il y avait trop de “peut-être” alors qu’en Ontario, le terrain est prêt. Alors là, on l’échappe. C’est ça la vérité.»
Bientôt, il n’y aura plus d’incertitudes. L’administration prévoit débuter le déboisement ce printemps pour être en mesure d’amener les infrastructures en 2026 et 2027 sur la ZIP.
Les exceptions, les entreprises minières. «Elles ont beaucoup plus d’étapes à franchir que les autres filières, alors on travaille avec elles et nos terrains sont disponibles. Mais ce n’est pas nous qui les retardons dans leurs projets.»
Le convoyeur
En plus des services, il y a ce convoyeur qui est en construction et dont la mise en service est prévue au début de 2026.
Une visite sur le site isolé au bout du chemin de la Grande-Anse permet de comprendre à quel point il était devenu nécessaire.
C’est qu’entre le quai Marcel-Dionne et l’aire d’entreposage, il y a une grande côte qui fait pratiquement deux kilomètres. Des camions font donc des centaines et même des milliers d’allers-retours avec la marchandise.
L’an dernier, 590 522 tonnes de vrac solide ont transité par le port, et les camions.
L’année 2024 en chiffres:
- 77 navires
- 62 190 tonnes de marchandise générale
- 57 079 tonnes de vrac liquide
- 322 797 tonnes de vrac solide
- 590 522 tonnes de transbordement de vrac solide (acheminent vers une autre destination)
Source: Port Saguenay
«Le convoyeur est un outil qui nous donnera plus de capacité. Ce qu’on voit, c’est que nos activités vont augmenter encore parce qu’on va s’avancer dans la zone industrialo-portuaire et les clients vont commencer à s’installer là», explique Carl Laberge.
La prochaine étape sera de construire un deuxième quai pour accueillir deux navires à la fois. Les discussions avec les partenaires sont débutées et la mise en service est espérée en 2028.
«On est bien positionné. C’est unique ce qu’on a. Oui, les grands terrains et notre port en eau profonde, mais on a aussi un écosystème industriel à Saguenay. Personne n’a peur des usines ici. Je ne compte plus le nombre de fois que je me fais demander quand on va avoir une annonce. On a les écoles de formation, les entreprises pour supporter, un bassin d’employés possible. C’est pour ça que les gouvernements y croient», souligne celui qui est le premier à y croire.
Article de Carolyne Labrie, Le Quotidien, https://www.lequotidien.com/affaires/affaires-locales/2025/03/17/port-saguenay-les-gens-qui-veulent-le-plus-que-ca-marche-cest-nous-3APXHSL4VVHLXKFOXEZX46H4H4/