Les travaux au port de Trois-Rivières entraînent une baisse du volume de marchandises | Radio-Canada

La politique protectionniste de Donald Trump pourrait considérablement nuire au commerce maritime des Grands Lacs et du Saint-Laurent, selon plusieurs experts. L’industrie, qui engendre plusieurs dizaines de milliards de dollars annuellement dans l’économie nord-américaine, est au cœur du commerce bilatéral entre les deux pays. Alors, quel impact auront de potentiels tarifs douaniers sur le transport maritime?

Après 35 ans de libre-échange avec les États-Unis, la Chambre de commerce maritime (CCM) s’explique très mal pourquoi le gouvernement américain augmente le prix des denrées qu’il utilise dans sa propre chaîne d’approvisionnement avec l’imposition de tarifs douaniers désormais prévus le 4 mars prochain.

La voie maritime en quelques chiffres

  • 3700 kilomètres de voie commerciale de l’océan Atlantique jusqu’aux Grands Lacs
  • 360 000 emplois soutenus annuellement
  • 66,1 milliards de dollars contribués par an à l’économie nord-américaine
  • 143 millions de tonnes de marchandises de vrac solide et liquide qui ont transité dans le système en 2024

Sources : Transports Canada, Corporation de gestion de la voie maritime du Saint-Laurent, Chambre de commerce maritime

Nos membres sont sous le choc, indique son directeur principal des relations gouvernementales, Maguessa Morel-Laforce. Le prix des denrées va augmenter aux États-Unis et il y aura une baisse de la demande, mais il est encore trop tôt pour voir l’étendue des dommages.

L’imposition des tarifs douaniers américains sur les produits canadiens en mars coïncide avec la réouverture de la voie maritime qui est fermée pendant la période hivernale.Un bateau à conteneur et un second bateau commercial naviguent sur le fleuve.

À ce moment, la conséquence sur le volume de trafic sera évidente, estime Claude Comtois, professeur émérite au Département de géographie de l’Université de Montréal.

C’est un effet cascade. Au-delà des tarifs, que va-t-il arriver avec les infrastructures portuaires et les flottes qui pourraient être sous-utilisées?, se questionne le professeur, qui est aussi affilié au Centre interuniversitaire de recherche sur les réseaux d’entreprise, la logistique et le transport (CIRRELT).

Qu’est-ce que le réseau Grands Lacs–Voie maritime du Saint-Laurent?

  • Une première section relie Montréal et le lac Ontario et une seconde relie le lac Ontario au lac Érié
  • Le réseau comprend 110 ports commerciaux dans les deux pays et 15 écluses – 13 sont canadiennes et 2 sont américaines
  • Les principaux ports du côté canadien : Montréal, Québec, Sept-Îles, Trois-Rivières, Hamilton, Thunder Bay et Windsor
  • Les principaux ports du côté américain : Duluth-Superior, Chicago, Toledo, Detroit, Cleveland, Buffalo, Erie, Ogdensburg

Carte montrant le trajet de la voie maritime, qui sillonne le fleuve Saint-Laurent, le lac Ontario, le lac Érié, le lac Huron ainsi que le lac Supérieur.

La voie maritime du Saint-Laurent et des Grands Lacs s’étend sur 3700 km, reliant l’océan Atlantique à la pointe ouest du lac Supérieur.

Photo : Radio-Canada

Des revenus énormes pour le Québec

Beaucoup d’échanges commerciaux se font à partir de la voie maritime du Saint-Laurent vers les Grands Lacs, incluant les Grands Lacs américains.

Pas moins de 66 millions de tonnes de marchandises sont dirigées directement vers les États-Unis par l’industrie canadienne et québécoise, selon la CMC. Une grande partie de ces marchandises sont transportées par conteneurs jusqu’au port de Montréal et y sont déchargées pour être acheminées vers la région du Midwest américain par navire, camion ou par voie ferroviaire. Entre 60 et 80 convois ferroviaires partent de Montréal chaque semaine, selon le Port de Montréal.Un porte-conteneurs navigue à travers les glaces sur le fleuve Saint-Laurent.

Un porte-conteneurs navigue à travers les glaces sur le fleuve Saint-Laurent.

Photo : Radio-Canada / Benoît Jobin

Le marché intérieur québécois et ontarien est relativement petit et dessert environ 10 millions de personnes. En revanche, le Midwest américain, qui comprend des villes comme Détroit, Chicago, Columbus et Indianapolis, rejoint pas moins de 70 millions de consommateurs.

Ce bassin, très lucratif pour le Québec, doit être préservé, estime Claude Comtois.

Les expéditeurs qui acheminent des produits vers les ports québécois paient pour utiliser les infrastructures et les services portuaires du Saint-Laurent. Ce sont des revenus énormes pour le Québec.

Principales marchandises transportées sur la voie maritime

  • Céréales
  • Minerai de fer
  • Vrac sec : pierre, sable, sel, ciment
  • Vrac liquide : produits pétroliers raffinés ou carburants de remplacement

Sources : Chambre de commerce maritime et Corporation de gestion de la voie maritime du Saint-Laurent

Si autant de marchandises transitent par la voie maritime du Saint-Laurent et des Grands Lacs, c’est qu’elle est très économique et moins coûteuse que d’autres modes de transport et elle soulève moins de congestion que certains ports américains, souligne le professeur Claude Comtois.

La Corporation de gestion de la voie maritime du Saint-Laurent, qui partage la gestion de la voie maritime avec son équivalent américain la Great Lakes St. Lawrence Seaway Development Corporation, n’a pas souhaité commenter, estimant que tout commentaire à cette étape serait spéculatif et prématuré. En décembre dernier, son président et chef de la direction, Jim Athanasiou, confiait à La Presse canadienne que les tarifs douaniers de 25 % pourraient freiner la hausse du tonnage [capacité d’un navire marchand] passant par la voie maritime, ajoutant que toute barrière à la circulation des biens demeure préoccupante.

D’autres mesures protectionnistes à venir?

L’imposition de tarifs douaniers de 25 % sur les marchandises et de 10 % sur les hydrocarbures au Canada et au Mexique fait couler beaucoup d’encre depuis plusieurs jours. Les contre-tarifs de 25 % annoncés par le premier ministre Justin Trudeau suivi du sursis de 30 jours accordé par Donald Trump au Canada risquent de continuer à alimenter le conflit commercial.

Mais pour le professeur de géographie Claude Comtois, les tarifs douaniers ne constituent pas la seule menace économique. L’expert craint, notamment, que le gouvernement américain adopte d’autres mesures protectionnistes qui obligeraient les expéditeurs ou propriétaires de cargos des États-Unis à n’utiliser que les ports américains.Un porte-conteneurs et des centaines de conteneurs d'expédition empilés sur une jetée.Ouvrir en mode plein écran

Un porte-conteneurs et des centaines de conteneurs d’expédition empilés sur une jetée du port de New York et du New Jersey à Elizabeth, le 30 mars 2020.

Photo : Reuters / Mike Segar

Si le gouvernement américain décidait que l’essentiel des marchandises doit transiter uniquement par des ports américains, il y aurait un gros impact pour les ports du secteur laurentien dont Sept-Îles, Valleyfield et Montréal, s’inquiète-t-il.

Même son de cloche pour la Chambre de commerce maritime, qui croit que l’administration Trump pourrait mettre en place d’autres mesures pour nuire aux échanges commerciaux, notamment un tarif à chaque visite portuaire.

On est à la croisée des chemins. On se rend compte que le pacte bilatéral avec les États-Unis n’est pas aussi sûr qu’on le croyait, estime Maguessa Morel-Laforce.

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Si peu de solutions sont envisageables à court terme, l’industrie devra ouvrir ses horizons à long terme pour diminuer les risques, affirme la Chambre de commerce maritime.

Le professeur Claude Comtois partage le même avis.

Il faudra que les importateurs et exportateurs d’ici ouvrent de nouveaux marchés, comme le Vietnam et l’Inde, par exemple.

Par ailleurs, la Chambre de commerce maritime a fait valoir son intérêt à transporter des conteneurs plus loin que Montréal dans les Grands Lacs vers le marché américain afin de diversifier ses marchés.

Cette demande aurait été formulée à plusieurs reprises au ministre fédéral de la Sécurité publique, David McGuinty. Pour le moment, les services frontaliers canadiens n’offrent ce service qu’au port de Montréal.

Article d’Anne-Sophie Roy, Ici Québec, Tarifs : l’incertitude guette le commerce maritime | Radio-Canada

Marie-France Daoust

Marie-France Daoust is Director of Corporate Affairs at the Société de développement économique du Saint-Laurent (Sodes). With more than 15 years’ experience in entrepreneurship, 10 years in strategic management within the Quebec government and 5 years in public and government affairs, she stands out for her leadership and ability to bring people together. In her role, she is responsible for developing business growth strategy, forging strategic partnerships, and mobilizing maritime organizations around today’s major issues.

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