Débardeurs du port de Québec : retour graduel au travail… et formation obligatoire

Lundi matin, 12 débardeurs du port de Québec entameront une formation en prévision de leur éventuel retour au travail. D’une durée totale de 24 heures, celle-ci est obligatoire. Et pour les 69 autres employés ayant été mis en lock-out par leur employeur le 15 septembre 2022? « L’employeur ne veut pas le dévoiler à l’avance », dit Stéphane Arsenault, président du Syndicat des débardeurs du port de Québec.

C’est ce qui rend difficile pour les membres de gérer le travail qu’ils ont peut-être présentement et de se dire : “Je vais être disponible pour faire le processus [de formation] obligatoire pour rentrer”, note M. Arsenault.Stéphane Arsenault, président du Syndicat des débardeurs du port de Québec.

Stéphane Arsenault, président du Syndicat des débardeurs du port de Québec.

Officiellement, selon le protocole de retour au travail, c’est seulement à la mi-mai que la totalité des 81 employés de la Société des arrimeurs de Québec auront véritablement retrouvé leurs fonctions, 32 mois après le début du lock-out.

Le 15 avril, l’Anse au Foulon verra revenir ses débardeurs. Un mois plus tard, le 15 mai, c’est du côté des battures de Beauport que les employés devraient réintégrer leurs fonctions.

Le président du Syndicat craint toutefois que certains employés aient trouvé d’autres amours ailleurs : un autre emploi. Il croit que ça pourrait être le cas d’une dizaine de débardeurs, mentionnant le stress – notamment financier – que peut occasionner l’incertitude liée à un conflit qui s’étire.

C’était inhumain, de nous avoir fait vivre ça. J’espère qu’on sera les derniers.Une citation deStéphane Arsenault, président du Syndicat des débardeurs du port de Québec

En novembre, Ottawa avait demandé au Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) d’ordonner la reprise des activités dans les ports de Montréal, de Québec et de la Colombie-Britannique. Une décision qui avait surpris et indigné les débardeurs de Québec.

Nécessaire, la formation?

La formation imposée, en plus de faire en sorte qu’on n’est pas encore au travail, donc encore des séquences où les gens vont vivre avec très, très peu de revenus, elle a de quoi heurter certains égos, surtout si on pense à ceux qui ont des fois, 40 ans de métier, confie M. Arsenault.

Publicité

L’employeur semble voir qu’il y a ce besoin-là, tempère Pier-Luc Bilodeau, professeur au département des relations industrielles de l’Université Laval.

Il explique qu’un protocole de retour au travail dépend de la nature de l’activité, de l’état dans lequel le matériel ou les installations sont au terme d’un conflit. Là, on a un conflit qui était d’assez longue durée, de très longue durée, dit-il, ajoutant qu’il est très possible qu’on ait besoin de mettre à jour des équipements, qu’on ait besoin de s’assurer que les formations sont à jour.Pier-Luc Bilodeau, professeur au département des relations industrielles de l’Université Laval.

Pier-Luc Bilodeau, professeur au département des relations industrielles de l’Université Laval.

Soit, bien que ça ne fasse pas l’affaire de tous, c’est avec le cœur de reprendre notre travail une fois pour toute, de regagner notre fierté, qu’on le fait, tranche Stéphane Arsenault. On n’avait pas le choix, il faut passer par la transition.

Convention et loi anti-briseurs de grève

La nouvelle convention collective n’étant pas encore appliquée, les gens me disent ”Ça va être quoi, les conditions? Est-ce que je reviens et je serai capable finalement d’avoir au moins un weekend par mois avec ma famille?’’

Stéphane Arsenault est incapable de leur répondre. L’arbitrage exécutoire, qui est obligatoire, qui va suivre cette entrée-là, va en dire beaucoup, signale celui qui ignore même à quel moment un arbitre sera nommé dans le dossier.

Un arbitrage dont la sentence lie les parties, soit en vertu de la loi, soit en vertu de leur décision volontaire, est dit exécutoire.

Source : Office québécois de la langue française

En exprimant une certaine inquiétude, il prévient que les mêmes acteurs sont encore présents, la même convention, alors ça peut être les mêmes défis qui se dressent lors des négociations à venir.

Les dispositions de la loi anti-briseurs de grève, adoptée en 2024 par Ottawa, qui entreront en vigueur le 20 juin prochain, auraient permis, selon M. Arsenault, des négociations à force égale.

En vertu de la Loi modifiant le Code canadien du travail et le Règlement de 2012 sur le Conseil canadien des relations industrielles, il sera interdit aux employeurs d’avoir recours à des personnes occupant différents postes pour effectuer le travail de travailleurs en grève ou en lockout. Cela comprend tout employé ou gestionnaire embauché après qu’un avis de négociation a été remis par l’employeur ou le syndicat.

Source : Gouvernement du Canada

Un des grands enjeux dans une situation comme celle qui a été vécue au port de Québec, c’est la présence des travailleurs de remplacement, laisse tomber le professeur Pier-Luc Bilodeau.Un panneau à l'entrée du port.

Les débardeurs du Port de Québec étaient en lock-out depuis le 15 septembre 2022. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Philippe L’Heureux

Les gens en lock-out ont vu défiler devant eux, jour après jour, pendant des mois, des personnes qui allaient exécuter leurs tâches pendant qu’eux passaient leurs journées sur le bord du chemin avec des pancartes. Ce qui n’est pas leur quotidien, et ce qui n’est pas leur souhait.Une citation dePier-Luc Bilodeau, professeur au département des relations industrielles de l’Université Laval

M. Bilodeau est d’avis qu’il va falloir s’assurer que les choses se passent de façon ordonnée, parce que c’est sûr qu’il y a de l’amertume, c’est sûr qu’il y a de la frustration.

Si aucune grande violence n’a été observée durant le conflit au port, il note néanmoins que certains accrochages ont été remarqués.

C’est généralement ce qu’on a cherché, historiquement, à éviter – ou à prévenir – avec des dispositions anti-briseurs de grève, ajoute-t-il.Affiche qui dénonce les conditions d'emplois des débardeurs.

Les débardeurs du Port de Québec étaient en lock-out depuis le 15 septembre 2022. (Photo d’archives)

Par courriel, la direction de la Société des arrimeurs de Québec a indiqué vendredi qu’elle comptait respecter les termes de l’entente intervenue entre les parties et favoriser un retour au travail des plus harmonieux.

L’Administration portuaire de Québec, pour sa part, écrit qu’après un long conflit, nous saluons l’entente intervenue entre la Société des arrimeurs de Québec et le Syndicat canadien de la fonction publique.

C’est une bonne nouvelle pour les travailleurs, leur famille et la communauté portuaire. Souhaitons que le retour au travail se déroule de manière harmonieuse et respectueuse et qu’il permette aux opérations portuaires de reprendre à plein régime au bénéfice de chaînes logistiques efficaces, solides et résilientes.Une citation deOlga Farman, présidente-directrice générale de l’Administration portuaire de Québec

Avec les informations de Louis-Philippe Arsenault

Article de François Pouliot, Radio-Canada, Débardeurs du port de Québec : retour graduel au travail… et formation obligatoire | Radio-Canada

Marie-France Daoust

Marie-France Daoust is Director of Corporate Affairs at the Société de développement économique du Saint-Laurent (Sodes). With more than 15 years’ experience in entrepreneurship, 10 years in strategic management within the Quebec government and 5 years in public and government affairs, she stands out for her leadership and ability to bring people together. In her role, she is responsible for developing business growth strategy, forging strategic partnerships, and mobilizing maritime organizations around today’s major issues.

Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.