De bonnes nouvelles attendaient l’industrie du camionnage au Carré des affaires de l’Université Laval le 10 septembre, alors que l’Observatoire sur le transport routier des marchandises (OTRM) a été dévoilé et qu’il a été annoncé que le cours de transport routier de marchandises est revenu au programme.
«Un des objectifs de l’observatoire, c’est de créer des liens et de collaborer avec l’industrie du transport pour améliorer les bonnes pratiques dans le domaine », a souligné d’entrée de jeu Frank Pons, doyen de la Faculté des sciences de l’administration.
Traditionnellement pauvre en données, l’industrie du camionnage dispose désormais d’un allié universitaire de taille pour la collecte d’informations essentielles à son développement.
L’initiative a été chaleureusement accueillie par Eric Gignac, PDG du Groupe Guilbault et président de la Fondation pour la formation en transport routier. « En 2006, alors que je débutais au sein du Conseil d’administration de l’Association du camionnage du Québec (ACQ), nous avions demandé à l’ancien premier ministre du Québec, Jacques Parizeau, de colliger des données sur l’industrie du camionnage », a rappelé M. Gignac. Sa réponse a laissé l’ACQ pantoise : «Il n’y avait rien au gouvernement pour expliquer l’importance de l’industrie du camionnage au Québec».
Cette absence de données s’est fait sentir récemment, lorsqu’un rapport du Comité consultatif sur les changements climatiques du gouvernement du Québec a présenté des recommandations basées sur de fausses affirmations, notamment que 40 % des mouvements de transport au Québec étaient effectués à vide.
«Il n’y avait pas de données ou de statistiques pour réfuter ces allégations», a expliqué Eric Gignac. Une recherche et une analyse subséquentes des professeurs Jacques Renaud et Leandro C. Coehlo, et de leur équipe de la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval, ont permis de démontrer que «certaines statistiques utilisées avaient été mal interprétées et ils ont prouvé, avec des données réelles des transporteurs LTL au Québec, que le millage à vide n’était pas de 40 %, mais plutôt de 9 %».
La création de l’OTRM s’inscrit comme une solution logique pour pallier les lacunes en matière de données dans l’industrie. « Nous en sommes venus à la conclusion qu’il était important de créer un observatoire sur le transport routier de marchandises afin d’être à l’avant-garde, d’avoir une connaissance de nos données et de nos statistiques qui nous permettront de baser nos discussions sur des faits réels et de proposer des pistes d’amélioration et d’avancement pour notre industrie», a résumé M. Gignac.
Bref, l’OTRM travaillera de concert avec les transporteurs pour, notamment, acquérir des données réelles qui seront utilisées pour la réalisation d’analyses et d’études, émettre des avis et des recommandations sur les enjeux de l’industrie et développer du matériel pédagogique en lien avec le secteur.
La Fondation pour la formation en transport routier des marchandises a remis un montant de 10 000 $ à l’OTRM pour faciliter son démarrage.
Quelques mots sur le retour du cours de transport routier de marchandises dans la concentration en Gestion de la chaîne d’approvisionnement à l’Université Laval. Ce cours avait été remplacé par celui de distribution-entreposage, moins centré uniquement sur les réalités du transport routier. «Nous avons constaté, avec la Fondation pour la formation en transport routier, qu’il y avait un besoin pour un cours couvrant les enjeux particuliers liés au camionnage. Nous avons donc décidé de remettre le cours au programme. »
Le professeur Renaud a conclu le lancement de l’OTRM avec une parenthèse fort intéressante, se référant à une récente étude sur les feux de forêt au Canada parue dans la revue Nature.
«Les feux de forêt au Canada en 2023 auraient généré 2 370 mégatonnes de CO2. En comparaison, le Canada, dans toutes ses activités, a généré 703 mégatonnes de CO2. En une saison, les feux de forêt ont donc représenté trois fois la production industrielle du Canada en émissions de CO2. Combien les transporteurs routiers de marchandises de tout le Québec génèrent-ils de gaz à effet de serre en une année ? La réponse est 30 mégatonnes. Ces feux-là ont représenté 71 années de transport routier au Québec. Conclusion: quand vous faites une marche en forêt, faites attention : ne mettez pas le feu ! »
Article de Steve Bouchard, Création de l’Observatoire sur le transport routier des marchandises pour alimenter l’industrie en données – Transport Routier
