Le trafic maritime dans l’Arctique canadien, tout comme dans d’autres régions circumpolaires de cette zone, a poursuivi sa croissance en 2024, propulsée en majeure partie par le transport de ressources premières, selon l’Observatoire de la politique et de la sécurité de l’Arctique.
C’est ce qui ressort de la publication 2024 de L’année arctique, une revue des tendances les plus marquantes de l’Arctique, préparée depuis 2019 en collaboration avec le Centre d’études en politiques internationales de l’Université d’Ottawa.
Lors d’une conférence en ligne vendredi, le professeur Frédéric Lasserre, du Département de géographie de l’Université Laval, et Hervé Baudu, professeur de sciences nautiques à l’École nationale supérieure maritime, en France, ont fait un bilan de la navigation dans l’Arctique en 2024.
Selon leur recherche, 466 voyages ont été effectués jusqu’à présent dans les eaux arctiques canadiennes en 2024, et la tendance montre une croissance nette depuis une dizaine d’années.
Les chiffres de 2011 à 2024 montrent que le total des mouvements est passé de 319 à 466 jusqu’à présent
, dit Frédéric Lasserre.
Cette tendance se remarque aussi dans d’autres régions de l’Arctique. Selon des données du Conseil de l’Arctique, le nombre de navires entrés dans cette zone a augmenté de 37 % de 2013 à 2023.
Cette tendance à l’accroissement général de la navigation dans l’Arctique se confirme.Une citation deFrédéric Lasserre, professeur titulaire au Département de géographie de l’Université Laval
Selon le professeur Lasserre, les changements climatiques pourraient être un facteur favorisant cette croissance.
Les glaces de mer fondent de plus en plus dans le passage du Nord-Ouest, ce qui y facilite la navigation.
Plus de trafic dans l’Arctique de l’Est
Dans l’Arctique canadien, c’est le nombre de voyages de navires marchands, surtout de vraquiers transportant des ressources naturelles provenant de l’activité minière, qui a connu l’expansion la plus rapide.
En 2024, selon les données compilées jusqu’à présent, 158 voyages maritimes dans l’Arctique canadien ont été effectués par des vraquiers. De 2013 à 2023, les voyages du même type ont bondi de 503 % dans cette région.
Les mines, comme la mine Raglan, au Nunavik, ou la mine Mary River, au Nunavut, ont contribué à l’augmentation du trafic de vraquiers dans l’Arctique de l’Est ces dernières années.
Le tonnage total des navires est aussi en hausse, largement imputable aux gros navires qui viennent desservir les sites d’extraction des ressources naturelles
, ajoute Frédéric Lasserre.
Il note toutefois que le trafic maritime à l’ouest de l’archipel arctique est pratiquement inexistant.
Oui, la navigation augmente de manière générale dans l’Arctique
, explique-t-il, mais il y a des zones où il y a bien davantage de navires que d’autres, où il n’y a pratiquement personne qui s’aventure.
Pas une autoroute
Les chercheurs ont également répertorié une tendance à la hausse des croisières à travers le passage du Nord-Ouest depuis 2011, sauf durant la pandémie de COVID-19.
En 2024, 11 voyages de ce genre ont été effectués à travers ce passage, contre 14 en 2023 et 10 en 2022.
En 2014, seulement deux voyages avaient été enregistrés.
Frédéric Lasserre tient toutefois à préciser que les voies maritimes de l’Arctique sont loin d’être une autoroute
, comme le prédisent les médias depuis plusieurs années.
Ça fait à peu près 25 ans qu’on lit ce genre d’annonce. […] Apparemment, ça ne se concrétise toujours pas
, dit-il, en soulignant cependant qu’il faut rester vigilant, car la banquise fond de plus en plus
.
Il ajoute que, contrairement à toute attente, les changements climatiques causent l’accumulation de glace dans les détroits à l’ouest de l’archipel de l’Arctique, ce qui rend la navigation plus dangereuse. En effet, en se désagrégeant, la banquise s’infiltre dans les chenaux et cela réduit la durée de la saison navigable d’été.
Son collègue Hervé Baudu estime pour sa part que l’intérêt touristique pour le passage du Nord-Ouest s’essouffle, car les paysages de glace tant recherchés sont moins présents en été.
Ça ne correspond pas forcément aux attentes des touristes qui viendraient chercher un petit peu de sensationnel
, dit-il.
Article source de Julie Plourde, Radio-Canada, Ici Grand Nord, Augmentation du trafic maritime dans l’Arctique canadien en 2024 | Bilans de l’année 2024 et perspectives pour 2025 | Radio-Canada