Article de Stéphan Rosa, publié dans le magazine ConstAs (magazine de l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec), le 15 octobre 2015
Stratégie maritime et développement du Saint-Laurent
Le fer de lance de la reprise économique
La Stratégie maritime annoncée par le gouvernement le 29 juin dernier imagine ce que sera le Québec maritime d’ici les quinze prochaines années afin que tous travaillent ensemble pour faire du Québec une nation maritime prospère tournée vers l’avenir. La Sodes est partie prenante de ce vaste projet. Sa présidente, Nicole Trépanier, en précise les enjeux.
Un projet ? Plutôt une action gouvernementale qui répond à une demande forte des acteurs et partenaires œuvrant tout le long du fleuve Saint-Laurent : Remettre le Saint-Laurent au cœur des décisions économiques et environnementales du Québec et des Grands Lacs », explique Nicole Trépanier, présidente de la Sodes (Société de développement économique du Saint-Laurent.)
« La société québécoise et le Saint-Laurent ont une histoire intimement liée. Aujourd’hui encore, près de 80 % de la population du Québec habite la vallée du Saint-Laurent où se développe une importante proportion d’entreprises. Il s’agit donc de reconnaître la valeur du fleuve comme axe d’échanges. Cette requête de la Sodes, c’est un message que nous livrons depuis plus d’une décennie. »
Renouer l’avenir avec l’histoire
Le Québec avait-il tourné le dos au Saint-Laurent ? « Les villes du Québec se sont développées vers les terres en omettant le fleuve, en délaissant la navigation au profit du transport terrestre », rappelle Nicole Trépanier. « Comme on le tient pour acquis, on a oublié à quoi a servi le fleuve Saint-Laurent pour les populations qui s’installaient sur ses rives. On a oublié comment au cours de l’histoire le fleuve a facilité le développement de cette région du monde. »
« En parallèle, on a perdu de vue que la présence d’un réseau d’une vingtaine de ports démontre comment chaque communauté obtient ses approvisionnements par bateau et envoie ses produits vers le reste du monde par voie maritime. Comme on a perdu de vue l’activité économique et démographique qui s’effectue dans ces ports. C’est une réalité, l’activité maritime génère une activité économique très importante, mais la population ne voit pas ce qui se passe et que ce qu’ils consomment arrive principalement par navire. »
Momentum politique
« La Stratégie maritime se mettra en place selon trois plans quinquennaux d’implantation jusqu’à l’horizon 2030 », reprend Nicole Trépanier. « À terme, les objectifs du gouvernement du Québec (la création d’emploi est un objectif de la Stratégie maritime dont bénéficiera l’industrie maritime) seraient de l’ordre de 30 000 emplois créés sur 15 ans. Cette Stratégie maritime démontre également l’intérêt des ports régionaux puisqu’il sera question de les entretenir. Il faudra aussi penser à draguer le fleuve pour accueillir des navires plus imposants et demeurer compétitif à l’échelle mondiale. Pour ce faire, une enveloppe de 1,5 milliard $ sera consacrée entre autres au rajeunissement des infrastructures. »
« Il y a un momentum politique », admet la présidente de la Sodes. « Le gouvernement voulait prendre le pouls de l’industrie pour élaborer la stratégie maritime et nous avons été largement consultés dans ce sens. En partie ou en totalité, cette Stratégie maritime est l’une des pierres d’assise du programme économique du gouvernement pour relancer l’économie et créer des emplois. Le Québec doit tirer pleinement et durablement parti de son savoir-faire et de ses richesses maritimes en assurant la pérennité de ses milieux marins et de leur biodiversité », poursuit Nicole Trépanier.
« En plus de ce potentiel de croissance, le gouvernement reconnaît par cette action stratégique la part de l’industrie maritime dans l’atteinte des objectifs environnementaux contre les émissions de gaz à effet de serre (GES). »
L’aorte du marché nord-américain
En suscitant les investissements et la création d’emplois, la Stratégie maritime vise à affirmer la place du Québec comme plaque tournante pour le commerce transatlantique. « Le fleuve Saint-Laurent offre au Québec la possibilité de se positionner comme la porte d’entrée du nord-est de l’Amérique du Nord », poursuit la responsable de la Sodes. En effet, dans ce corridor de commerce Saint-Laurent/Grands-Lacs, la voie navigable reste le plus court chemin pour accéder au cœur du continent, au bout des lacs Supérieur et Michigan, à la limite des provinces des plaines et des états américains du Middle-West. « C’est l’aorte du marché nord-américain », affirme-t-elle. « Il s’agit donc de bien coordonner les investissements fédéral et provincial dans les infrastructures afin de maintenir et accroitre la productivité qui nous permettra d’attirer de l’activité portuaire dans notre partie du monde. »
« Parmi ces enjeux, il s’agit de bien comprendre avec qui sommes-nous en compétition », insiste Nicole Trépanier. « L’industrie maritime nécessite des infrastructures imposantes et des installations coûteuses. Mais le jeu en vaut la chandelle. Nous faisons énormément de représentations depuis des années pour cela. Si cette Stratégie existe aujourd’hui, c’est aussi grâce aux investissements du secteur privé dans l’industrie maritime. Que ce soit les armateurs qui ont entamé un important renouvellement de leur flotte ou les opérateurs de terminaux, qui maintiennent l’activité portuaire québécoise et canadienne, ceux-ci n’ont jamais cessé d’investir ».
Source : ConstAs