Article publié dans Le Soleil le 1er septembre 2015:
Projet Énergie Saguenay GNL Québec obtient son premier permis
L’Office national de l’énergie (ONE) accorde à GNL Québec la licence d’exportation réclamée pour l’usine de liquéfaction du gaz naturel que la firme veut construire au port de Grande-Anse, au Saguenay, au coût de 7,5 milliards $.
«De tous les permis à obtenir, c’est le premier» que décroche l’entreprise, a commenté sa directrice des affaires publiques Marie-Claude Lavigne.
La route est encore longue avant que le projet Énergie Saguenay ne se concrétise. Si les contrats se signent comme prévu et si tous les feux réglementaires tournent au vert comme planifié, la mise en opération des installations ne devrait pas se produire avant 2021. Les promoteurs arrêteront leur décision en 2018.
Dans une lettre expédiée la semaine dernière, l’ONE donne sa bénédiction pour un complexe qui devrait vendre à l’étranger du GNL (gaz naturel liquéfié) pendant une période de 25 ans. La compagnie a 10 ans pour entreprendre les exportations.
Les quantités d’hydrocarbures sont importantes (12 millions de tonnes de GNL par an). Mais l’organisme fédéral accepte les conclusions de Navigant Consulting. «Vu l’abondance des ressources de gaz au pays ainsi que l’intégration et le bon fonctionnement du marché nord-américain, [l’ONE] conclut que les besoins des Canadiens sont satisfaits.»
L’Office national de l’énergie rejette par la même occasion les objections formulées par un groupe de citoyens. Le Collectif de l’Anse-à-Pelletier a fait valoir qu’il est «aberrant de constater que notre gouvernement encourage de tels projets».
Dans sa missive, le Collectif avance que les impacts sur l’environnement rendent l’idée inacceptable. La combustion des hydrocarbures «engendre des coûts indécents dus aux événements météorologiques» liés au réchauffement climatique, plaide-t-il.
Les signataires ne croient pas aux milliards de dollars en retombées économiques «parce que la majorité des équipements spécialisés de l’usine ne sont pas fabriqués au Québec ni au Canada. […] De plus, nous n’avons qu’un seul fjord au Québec [qu’emprunteraient les méthaniers]. C’est un joyau inestimable du point de vue environnemental, touristique et patrimonial.»
Pour l’ONE, les commentaires des citoyens «excèdent [ses] compétences. Elles se limitent à déterminer» s’il y a suffisamment de ressources gazières à céder à l’étranger sans nuire aux approvisionnements du marché domestique. Selon le consultant Navigant, le sous-sol du pays recèle «plus de 100 ans de ressources récupérables».
Contactée récemment, la porte-parole Marie-Claude Lavigne a indiqué que plusieurs étapes réglementaires restent à franchir. Elle a assuré que le Bureau des audiences publiques sur l’environnement (BAPE) en sera saisi même si la future usine sera érigée sur un territoire fédéral, le port de Saguenay. Le projet Énergie Saguenay est la proposition d’un promoteur privé, a-t-elle fait valoir. À la différence de Québec, où les autorités portuaires refusent de permettre l’examen du BAPE pour l’agrandissement de leurs installations.
Le gaz naturel qu’emploiera GNL Québec proviendra de l’Ouest canadien. Un oléoduc se rend déjà au Saguenay, en passant par la Mauricie. La desserte d’une usine pourrait passer par cette route, en ajoutant une conduite.
GNL Québec, dont les principaux actionnaires sont américains – Freestone Capital et Breyer Capital -, planifie embaucher 4000 travailleurs pendant quatre ans pour ériger les installations. Elles emploieraient 300 personnes au port de Saguenay.
Récemment, Québec a signé le décret permettant au consortium scandinave Stolt LNGaz de bâtir une usine pour la liquéfaction du gaz naturel à Bécancour, près de Trois-Rivières. La construction pourrait démarrer au printemps. Avec une production annuelle de 500 000 tonnes et un investissement de 800 millions $, les installations sont plus modestes que pour Énergie Saguenay.
Source : Le Soleil